Confiance en une contribution qui vient du cœur, libre et consciente
Dernière mise à jour : 11 nov. 2020

Depuis trois ans, j’ouvre certaines de mes sessions en groupe et privées à une contribution « libre et consciente ».
Par cet article, je souhaite clarifier ce que cela signifie pour moi. Je n’ai jamais vraiment pris le temps et je trouve cela trop facile de mettre des dénominations sans avoir vraiment creusé mes valeurs profondes derrière. En même temps, je crois aussi que c’est parce que j’ai dû expérimenter avant de pouvoir écrire sur ce sujet.
Au départ, c’était pour deux raisons principales :
- la foi en un monde solidaire, où l’entraide et la générosité sont mises en avant.
- je me rendais compte qu’il m’était très difficile de quantifier en terme de temps et de mettre un prix sur ce que j’offrais (et c’est toujours le cas). Car je ne sais pas vraiment le réel impact que le temps offert (en partage officiel en atelier ou de manière informelle) peut avoir sur la personne. Je considère que seule la personne peut savoir.
Aujourd’hui, je réalise que cette liberté de choix peut faire peur, elle peut même freiner certains car le doute est là. « Si je ne donne pas assez, que va-t-elle penser ? Si je donne plus, est-ce que cela flatte mon ego en me croyant supérieur.e ou avec plus de droit que les autres ? Est-ce que par le montant de ma contribution, je me sens redevable ou c’est elle qui me doit quelque chose ? »
Oui, la liberté entraine une responsabilité, une manière d’agir qui demande plus de conscience et pas seulement des automatismes ou des standards que la société nous a inculqué. Cela demande de sortir des normes et de vraiment s’interroger sur la valeur que je donne au temps que la personne m’offre.
Au début, c’est probablement un peu plus lourd à gérer, mais par la suite tout devient plus léger et fluide, car je me suis posé.e les bonnes questions : ce que j’ai envie de faire/donner, ce que je peux faire/donner et de quel espace du cœur je le fais/donne.
Quand je contribue sur une valeur qui m’est « juste », je me sens en alignement avec moi-même. Et cette juste valeur, je suis seul.e à la connaître.
Je crois qu’il est important que chaque personne puisse participer aux sessions peu importe ses ressources financières. Nous n’avons pas la même relation à l’argent, nous n’avons pas la même histoire, nous n’avons pas les mêmes ressources financières. C’est pour cette raison, que je pense qu’une contribution reliée au cœur est déjà un enseignement en lui-même.
Et comme mon maître Uncle Fish me le dit souvent, la valeur ne se calcule pas en fonction de la somme d’argent mais de ce que ça nous coûte vraiment dans tous les sens du terme. On peut donner peu et c’est beaucoup parce que l’on a rien. On peut donner beaucoup et c’est peu parce qu’on a beaucoup.
Aujourd’hui, je vois bien que cette manière d’envisager les échanges a un impact beaucoup plus vaste que je ne le pensais.
Pour moi, cette manière d’apprendre à recevoir les bras grands ouverts et en même temps, de pouvoir à mon tour donner dans la justesse du cœur me permet également d’ouvrir les portes de mes propres a priori et de travailler sur mes conditionnements. Je peux ainsi voir mes propres barrières et à chaque fois que je n’ai pas su, je me réaligne pour que ces modes de pensées en automatique changent petit à petit.
C’est ce qu’on apprend dans la pratique de la méditation. Savoir s’observer sans se juger (et donc sans juger l’autre). Et il est important de faire le constat d’où je suis. C’est comme lorsque l’on fait un bilan de santé ou un bilan professionnel tous les ans. Sauf qu’ici c’est un auto-constat au quotidien, ce qui nous fait avancer bien plus rapidement.
Pour les participants à des sessions en contribution « libre et consciente » (et je m’inclus dedans), la personne qui reçoit voit très bien s’il y a une dissonance en elle ou chez l’autre. Et ce n’est pas grave, mais seulement si elle en est consciente.
Certaines personnes pensent contribuer, mais oublient. Certaines personnes ne prennent pas la peine de se souvenir et laissent couler. D’autres, ayant déjà des difficultés à recevoir, ne parviennent pas à donner peu et soit donnent avec gêne ou bien finalement décident de ne pas se joindre à la session. D’autres pourraient donner plus mais restent dans les standards, d’autres ne se posent pas vraiment de questions et font en fonction des normes, et d’autres se sentent vraiment en alignement et sont en accord avec les choix qu’elles ont fait.
Je pense qu’il est ainsi important de ne pas passer à côté de cette opportunité d’évoluer et de faire l’effort au départ de répondre aux bonnes questions (ci-dessus).
Si j’ai cette conscience, alors j’évolue et je fais évoluer le monde. Liberté rime avec responsabilité, je reprends ainsi le pouvoir sur mes décisions. Par mes propres choix, je sais que je construis déjà au quotidien la réalité d’un monde en résonnance avec celui auquel j’aspire.
A ma connaissance, pour le moment, peu de personnes ne prennent de risques pour ce qui a vraiment de la valeur pour elles. En tout cas, pas quand elles sont dans un espace de confort. Je pense que c’est justement dans cet espace là (où tout va à peu près bien) qu’il est important de se « pauser » et de se poser les bonnes questions.
Dans tous les cas, je suis persuadée que la générosité, l’ouverture du cœur et le soutien authentiques ont de grands bienfaits, aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui reçoit.
Alors rappelons-nous bien que lorsque nous donnons et recevons vraiment en conscience et avec le coeur, nous aidons aussi d’autres personnes, nous soutenons et permettons la pérennité des activités/services/produits qui ont du sens pour nous, et surtout nous œuvrons à l’expansion de cette manière de contribuer.
J’ai aussi eu l’élan d’écrire cet article car j’avais envie de soutenir cette démarche que d’autres professionnels adoptent de plus en plus. C’est un réel choix fait avec conscience dans l’acceptation, peu importe le retour du public.
J’ai envie que chacun se rende compte que cette contribution « libre et consciente » est un acte du cœur pour toutes celles et ceux qui l’offrent, et que c’est parfois un sacré risque.
Je remercie également toutes les personnes qui se sont prêtées au jeu et continuent dans cette voie pour un monde plus équitable, plus en lien avec des valeurs profondément humaines.
Je suis persuadée que petit à petit, l’homme s’éveille et choisit l’abondance plus que le manque, l’amour plus que la peur.
Et vous, quel choix faites-vous ?