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Photo du rédacteurPhounkeo HappyCultrice

Derrière un visage, une histoire.



Je suis assise dans le train, les paysages de banlieues défilent. 

Le TER (Transport Express Régional) m’amène à Paris. 


Je regarde tous ces gens dans le train, la plupart les yeux rivés sur leur téléphone. Absorbés, pensifs, je ne risque pas vraiment de tomber sur un contact d’oeil à oeil avec quelqu’un, alors je continue d’observer avec curiosité. 

Des regards vides, fatigués, concentrés, certains plus animés, et pour d’autres j’ai l’impression qu’ils sont ailleurs…


J’aime m’imaginer les histoires de tous ces gens, avec qui je vais partager un bout de chemin, et que je ne reverrais probablement jamais : cet homme typé indien à l’air de ne pas avoir dormi de la nuit, il a de grosses cernes sous les yeux, il travaille peut-être de nuit, ou bien il s’occupe de ses parents âgés et est resté chez eux à veiller pour prendre soin d’eux ? Cette femme asiatique tient dans les mains un dossier qui a l’air important pour elle, peut-être se sent-elle stressée car c’est son dossier pour acquérir une maison ou bien celui pour avoir un enfant par insémination artificielle ? Cette femme africaine un peu rondelette qui a le regard dans le vide, est-elle mélancolique, triste ? Pense-t-elle à son pays et à des membres de sa famille là-bas ? Et cette jeune fille qui a l’air métissée avec son gros casque sur les oreilles, les épaules tombantes, le teint terne, se sent-elle déjà fatiguée de cette journée à peine commencée, des cours qui vont s'enchaîner non stop ? Et ce monsieur polonais (je reconnais cette langue car mon meilleur ami est polonais) qui parle avec beaucoup d’entrain, est-il en train de parler de la nouvelle voiture qu’il va acheter ou du mariage prochain de sa fille ? Et ce jeune homme qui sourit à son téléphone, est-il amoureux, tout exalté de retrouver sa chère et tendre ? 


J’aime à me rappeler que derrière chaque visage, il y a une histoire. Je me dis que chaque personne s’est construite dans un univers avec ses particularités uniques, des situations de vie avec ses hauts et ses bas, sa culture, ses repères, ses barrières, ses horizons, et l’histoire de chacun ne tient qu’à un fil, chaque vie est chronométrée à la seconde près. Une seconde qui peut tout changer dans une vie, une seconde qui détermine si la rencontre a lieu ou pas, si le train est pris ou pas, si l’accident arrive ou pas, et je trouve ça fascinant. Je crois qu’on peut écrire au moins autant de livres qu’il n’y a de personnes sur cette terre. Alors je me relie à chaque individu de ce train, me faisant tous ces scénarios dans ma tête ! 


Malgré des vies si riches et uniques, je crois qu’on peut tout de même se rejoindre dans cette humanité que nous partageons. Chacun de nous avons des vies parfois empreintes de simplicité, et en même temps, de complexité, de joie et de peine, de découragement et d’excitation etc… C’est ça le vivant ! Personne n’y échappe parce qu’au quotidien, nous vivons tous des situations diverses mais nous nous rejoignons inévitablement à travers toutes ces émotions qui nous traversent : fatigué, frustré, satisfait, enjoué, agité, calme… ainsi que ces besoins qui nous rapprochent, car finalement nous avons tous les mêmes besoins. Pas en même temps mais nous les reconnaissons tous quand ils se présentent. Les besoins de partage, de réciprocité, de soutien, de sécurité, de créativité, de liens, de simplicité, de chaleur, de confiance etc…  


Grâce à la Communication NonViolente (CNV), j’ai appris à les identifier chez moi, et aussi à devenir vraiment curieuse de l’autre, à essayer de voir où est l’autre dans son paysage intérieur, j’essaie de comprendre pourquoi est-ce qu’une personne peut agir de telle ou telle manière, qu’est-ce qu’elle essaie de nourrir comme besoins ? Ainsi j’ai développé plus d’écoute et d’empathie. Je suis fascinée par tous ces mondes qui s’entremêlent. 


Je suis assise dans le train, disponible et calme, j’envoie des vibrations d’amour et de connexion à tous ces gens, parce qu’il y a certainement dans ces wagons, des individus qui vivent des situations tellement intenses, délicates, dures mais également légères, captivantes, joyeuses,… Je ne connaîtrais jamais l’histoire de tous ces gens, mais ça me fait du bien de donner ces petites attentions, et de me dire que d’autres personnes les font peut-être aussi pour d’autres, et que j’en reçois aussi.  


Parfois (et ça m’arrive de plus en plus), j’ai l’agréable surprise de tomber sur une personne qui médite dans le train. Je le sais car elle a une posture particulière : immobile et présente, posée et tranquille, généralement les yeux fermés mais à l’écoute du monde. J’aime cette reliance dans la conscience de ce souffle de vie, et la confiance que tout va bien. 


Est-ce que ça vous arrive aussi, dans ces grands espaces remplis d’individus, d’entrer dans cette observation de notre humanité ? de vous relier ? d’essayer de comprendre ? d’offrir de votre présence ?  


Crédit Photo : Alexandr Ivanov Pixabay

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